conte et anthropologie
Lors des aventures de Chemins de Ronde, dans une salle du Château de Montfroc, j’ai rencontré Denis Carvin avec sa façon d’explorer les contes et les 4 intimes. En puisant dans un ensemble de récits constitutifs de nos cultures, dans le large bassin Méditerranéen, il nous dévoile une anthropologie du féminin et du masculin. Il relie ces contes avec les puissants courants de l’inconscient collectif et propose une approche culturelle de la constitution des genres et des relations humaines au fil des âges de la vie. Denis nous raconte notre histoire, d’une autre manière.
Les récits de Denis résonnent avec la lecture de « la société contre l’Etat » de Pierre Clastres et ou le principe de dualité en terres Kanak que m’ont expliqué Doriane et Emmanuel Tjibaou. Les rapports de pouvoir peuvent s’appréhender comme des rapports de redevabilités réciproques, et non comme des seuls rapports de force ou de compétition. Cela transforme alors les relations au sein d’un couple et d’un groupe, et nous demande de dépasser les conditionnements de comportements et de modèles de domination dans lesquels on s’est construit, basés sur la domination des hommes sur les femmes, la compétition, la loi du plus fort. Des modèles qui s’ancrent dans nos quotidiens avec des récits qui les expliquent et les font perdurer.
A l’écoute des 4 intimes, j’ai l’impression que nous faisons comme si « on voulait bien les croire » … Sortir des dominations pourrait peut-être s’envisager par une autre interprétation de ces récits, en discernant ce qui les rend robustes et fragiles, à travers ce qu’ils produisent sur nous. Essayer de produire des récits communs, et non plus subis, tout en délicatesse et en encourageant le soin à soi et à l’autre.
Les conférences de Denis se sont arrêtées avec la crise sanitaire, et attendent un espace pour se partager à nouveau. Pour traverser ce moment de silence, nous avons enregistré ensemble les trois premières conférences qui posent les bases de sa démarche, pour les partager en ligne.