Le numérique du point de vue de l’action publique culturelle
L’Observatoire des Politiques Culturelles (OPC) ayant invité l’office à intervenir dans leur master auprès de différentes promotions, pour parler « cultures numériques », nous avons eu l’occasion d’échanger plusieurs fois nos visions de celles-ci, préférant les appeler finalement « cultures libres »*.
La nécessité de s’approprier « le numérique » se fait sentir de plus en plus notamment de la part de plusieurs équipements publics : médiathèques, écoles, structures culturelles locales, se demandent comment attraper la question. A partir de ces constats, nous avons co-construit avec l’OPC, un cycle de formation, abordant les enjeux de la transformation de notre société où le numérique n’est plus considéré comme un produit mais comme un milieu, un environnement, une pratique, un mouvement social, politique, etc. Cette formation est l’occasion de déconstruire nos idées reçues et d’apprendre à travailler ensemble : chaque participant est invité à mettre en perspective ses problématiques et missions d’acteur territorial avec des temps de rencontre avec les intervenants et des ateliers de travail collaboratifs selon des principes de :
– méthodes agiles : il n’y a aucun expert des cultures numériques. Dans ce milieu en constante évolution, on ne peut qu’agir de manière itérative. C’est-à-dire, construire à partir de nos compétences et s’adapter, ajuster nos méthodes à ce qui se révèle au fur et à mesure.
– pair-à-pair : chacun est acteur de sa formation, et peut partager des expériences et des savoirs d’égal à égal sous forme d’éducation populaire collective, permettant à chacun d’apprendre, en faisant.
– communs : l’enjeu de produire collectivement de la connaissance sera de pouvoir la transmettre et penser comment elle peut servir l’intérêt général.
– coopération : à différentes échelles de projets (micro / macro) et en transversalité entre les disciplines, il s’agit d’installer des conditions de bienveillance et de confiance, indispensables à ces méthodes collaboratives.
Les recherches font l’objet de « livrables » produits en groupes. Support libre ! En fonction des compétences autour de la table, et des ressources matérielles disponibles, on peut “livrer” par exemple : Un storyboard, une application mobile, un teaser vidéo, un manuel, un blog, un glossaire, un wiki, une timeline, une cartographie, un jeu, un film d’animation, une page facebook, une mindmap, etc.
* « Cultures libres » : le développement d’internet et des outils numériques a fait émergé de nouvelles formes culturelles. Dès les premiers pas de l’internet, ce sont instaurées des logiques de partage de connaissances et de mise en commun des données, pour la diffusion de logiciels libres. Ces valeurs et ces règles de fonctionnement collaboratif ont fondé les bases d’autres principes économiques (contribution, mutualisation, échanges de pair-à-pair, etc), et d’autres régimes de droits que ceux des systèmes propriétaires dominants. Ainsi, l’opensource, les licences creative commons, et autres wiki, proposent des usages alternatifs des produits du net : le libre accès, la copie, la ré-utilisation, la transformation, etc. Dans cette philosophie, les « cultures libres » fédèrent aujourd’hui des dispositifs collaboratifs de domaines très différents (culturels, sociaux, éducatifs, économiques, etc.)